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Le fromage : 7000 ans d’histoire qui se dégustent aujourd’hui

Il y a des traditions qui ne se démodent pas. Il y a des aliments qui résistent aux époques, traversent le temps, les continents et rassemblent les gens autour d’une table.

Le fromage, ou l’ingéniosité du Néolithique

L’histoire du fromage commence avec la domestication des animaux durant le Néolithique, autour de 10 000 ans avant notre ère : chèvres, brebis puis bovins fournissent le lait, base de toute fabrication fromagère.
En Pologne, des tessons de poteries percées datant d’environ 7 000 ans témoignent d’un procédé ancien : ces faisselles permettaient d’égoutter le lait caillé — les analyses chimiques ont confirmé la présence de matières grasses laitières.

En d’autres temps, des nomades transportaient leur lait dans des outres… fabriquées avec des estomacs d’animaux. Un véritable « accident heureux » — la transformation du lait grâce à la présure animale, contenue de façon naturelle dans les estomacs — a donné naissance au fromage.

Fromage primitif, mais « utile »

À l’époque, le fromage sert davantage de technique de conservation que de mets fin : il permet de prolonger la vie nutritive du lait et d’en réduire le lactose, facilitant ainsi sa digestion pour les premiers consommateurs. Un trésor pratique, bien plus qu’un simple plaisir gustatif.

Le mot « fromage » vient du latin forma, en référence au moule ou à la faisselle employé pour donner forme et drainer le caillé. Dans l’Antiquité, les Romains maîtrisent déjà les techniques fondamentales — coagulation, moulage, salage, affinage — telles que décrites dès l’an 60 par l’agronome Columelle.

Le Moyen Âge : l’âge d’or des moines fromagers

Avec la chute de l’Empire romain, les connaissances fromagères se préservent dans les monastères. C’est de cette époque que datent la création de fromages emblématiques comme le Munster, le Maroilles ou le Pont‑l’Évêque.
Au XIIIᵉ siècle, les fruitières — coopératives villageoises de production fromagère — voient le jour, élargissant la création de grands fromages comme le Comté ou le Beaufort.

Révolution, industrialisation et diversification

Aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, les techniques progressent et le fromage devient plus raffiné et répandu. L’industrialisation du XIXᵉ siècle permet de structurer la production : invention de la boîte à camembert (1860), pasteurisation (1857–1895), organisation de la filière laitière.
Les labels AOC/AOP émergent pour protéger le patrimoine gastronomique — en France comme ici, au Québec.

Depuis, ce produit s’est transformé en symbole culturel et gastronomique. Des grottes de Roquefort aux vallées suisses, jusqu’aux fermes du Québec, le fromage est devenu un incontournable de nos assiettes — et de notre patrimoine.

Le Québec : un terroir qui se distingue

La tradition fromagère québécoise remonte aux débuts de la Nouvelle-France, avec les premières vaches importées en 1608–1610. Dès le XVIIᵉ siècle, des fromages locaux comme le « raffiné de Saint‑Pierre » apparaissent.
Le cheddar domine la production jusqu’au XXᵉ siècle, alimentant les exportations vers la Grande‑Bretagne. Puis, avec l’Expo 67 et l’arrivée de micro-fromageries, le Québec se métamorphose, remportant des prix internationaux et multipliant les laits (vache, chèvre, brebis).

Les bases d’un plateau réussi, bien déguster le fromage : une affaire de température… et de timing

On ne le dira jamais assez : un bon fromage, ça se respecte. Un plateau accessible, convivial et technique — c’est le parfait équilibre.

Température idéale de dégustation : autour de 14°C. Trop froid, ses arômes sont anesthésiés ; trop chaud, sa texture peut se dégrader. Le bon réflexe ? Le sortir du frigo au début du repas, pour qu’il respire tranquillement.

Conservation : une cave fraîche et humide serait idéale (entre 8 et 12°C, humidité autour de 90 %). À défaut, le bac à légumes de votre réfrigérateur fera l’affaire. Emballez-les dans du papier fromager ou du papier ciré plutôt que dans du plastique hermétique.

La découpe est bien plus qu’une formalité : elle influence l’expérience sensorielle.

  • Pour les pâtes molles (brie, camembert), un fil à fromage évite d’écraser la croûte.
  • Pour les pâtes fermes (cheddar, comté, gouda), utilisez une lame bien affûtée.
  • Et surtout, laissez vos fromages revenir à température ambiante 30 à 60 minutes avant la découpe. Ils n’en seront que plus savoureux.

Composer un plateau : l’art de la diversité

Un bon plateau de fromages, c’est l’occasion d’un moment convivial et savoureux. Voici quelques règles simples pour ne pas se tromper :

  • Plat principal ? Comptez 200 à 250 g de fromage par personne.
  • En fin de repas ? Environ 100 g par personne, répartis en 3 ou 4 variétés.
  • Présentez-les en cercle, du plus doux au plus corsé, dans le sens des aiguilles d’une montre.

N’oubliez pas les à-côtés : pain artisanalfruits frais ou secsnoixconfitures, voire un filet de miel. Tout est dans l’équilibre.

Comprendre les familles de fromages

Pour mieux s’y retrouver, voici un petit guide des grandes familles de fromages québécois :

  • Pâtes fraîches : Ricotta, fromage en grains – doux, sans croûte.
  • Pâtes molles à croûte fleurie : Brie, camembert – crémeux et fondants.
  • Pâtes semi-fermes : Le juste équilibre, souvent très polyvalent.
  • Pâtes fermes : Cheddar, gouda, suisse – les classiques de garde.
  • Pâtes persillées : Bleu, roquefort – pour les amateurs de caractère.

Le Québec, fier terroir fromager

Avec plus de 350 variétés répertoriées, le Québec est la région la plus riche en fromages en Amérique du Nord. Longtemps réduit à son fromage en grains, le Québec est aujourd’hui une référence internationale en matière de fromages fins et artisanaux. Plusieurs de nos produits ont d’ailleurs remporté des distinctions prestigieuses au World Cheese Awards.

Dans Lanaudière, la tradition fromagère est bien vivante. Parmi les fromageries qui méritent le détour : la Fromagerie AmaFaçon, à Berthierville. Depuis deux décennies, cette maison produit 11 fromages à base de lait de vache 100 % québécois, sans substances laitières ajoutées. Des produits authentiques, faits dans le respect de l’animal, de la terre et du goût.

📍 Où découvrir les fromages À ma Façon ?

Envie de goûter des fromages artisanaux qui mettent en valeur le terroir lanaudois ?
Rendez-vous directement à la Fromagerie À ma Façon, à seulement 7 km de l’autoroute 40, via la sortie 144 vers la 345 Nord.

📍 Adresse :
Fromagerie AmaFaçon
1303, rang Bayonne Sud, Berthierville, J0K 1A0
📞 450 836-7979
🌐 fromagerieamafacon.com
📧 info@fromagerieamafacon.com

🕒 Heures d’ouverture :
Lundi au mercredi : 8h à 16h | Jeudi et vendredi : 8h à 16h | Samedi : 10h à 17h | Dimanche : 10h à 16h

Le fromage est plus qu’un aliment : c’est un patrimoine vivant, un prétexte à la rencontre, un plaisir simple qui réunit. Pour moi, il représente un pont entre mes racines européennes et mon amour du Québec.


Je vous donne rendez-vous chaque jeudi, à 7h50 sur les ondes du O103.5, pour parler de cuisine, de gastronomie, de l’art et des plaisirs de la table. En attendant, bon appétit… et bonne dégustation à tous !

Chefs relié(s)

Yoann Duroy

Animateur, chroniqueur, planificateur d’évènements gourmands et spécialiste du secteur bioalimentaire

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